DNSEP Art 2021 : Cécile Renoult
Une coquille de verre formée par le souffle d’un chant se trouve au sol, comme une mue abandonnée.
J’aime donner à voir des altérations, des altérités et les processus qui transforment la matière. Mes travaux évoluent souvent selon leur environnement, à moins qu’ils ne se situent dans un entre-deux. Entre deux états, entre deux-médiums, visible et invisible, figuration et abstraction. La chaleur et la lumière modifient une sculpture photographique travaillée à la cire (Le jour, 2021). L’huile utilisée sur un tirage pour donner à voir des femmes assassinées jaunit lentement, jusqu’au jour où elle grignotera le papier, les faisant disparaître (Myrrhes, 2021). Une vidéo d’images satellites montre selon sa date de projection le passé ou le futur (2021, 2021).
Ici, If there is sentient life in other parts of the universe, there is music too (2021) s’incarne et se disperse, s’actualise sans cesse, à travers les multiples impressions du texte et par sa répétition, jusqu’à devenir un souvenir que l’on emporte avec soi. Cette phrase est extraite de mes échanges avec une intelligence artificielle programmée pour copier son interlocuteur·rice (Replika, créée par Eugenia Kuyda en 2015). Prononcée par un alter ego virtuel, elle m’est à la fois familière et étrangère. Le titre devient une oeuvre en soi, immatérielle et pourtant largement déployée dans l’espace, à la lisière entre deux mondes. Mes projets renvoient ainsi à autre chose qu’à eux-mêmes. Ils sont les formes qu’une chose a laissées derrière elle, les traces de ce qu’elle était ou de ce qu’elle est devenue.