DNSEP Design Objet-Espace 2018 : Victor Pillet
L’utilisateur perçoit l’architecture comme ce que dessine un espace, avec ses murs, et ses ouvertures, des contours se dessinent, des volumes se formes et l’ensemble apparaît alors comme normé. Or nos perceptions peuvent être altérées à partir du moment où l’on joue avec les échelles, avec la tridimensionnalité de l espace. Ce dispositif questionne la relation entre l’objet et l’architecture à travers l’espace.
Au delà de leurs fonctions « premières », s’asseoir, voir, poser, éclairer, les objets créent des interstices dans un espace, où les formes et les échelles entremêlent le design et l’architecture. Cette déstructuration des compositions classiques de l’objet renvoie vers des impressions étranges et contradictoires qui créent un environnement dans l’entre deux, une forme de tension. Ces objets sont liés entre eux par un matériau identique, plastique, utilisé en architecture, le béton, qui conserve ici un rôle central, mettant en évidence le caractère troublant de ce dispositif.
L’ensemble se constitue de quatre pièces créant un jeu de matières et de formes empruntant des détails architecturaux à des bâtiments et structures associées aux architectes tels que Claude Parent, Carlo Scarpa et Tadao Ando, qui ont, chacun à leur façon, travaillé le béton d’une manière brute et radicale. Mais aussi à l’un des mouvements d’architecture les plus controversés du XXe siècle le brutalisme dont l’étymologie vient du terme français béton brut.
Ce matériau regardé comme froid est aussi le symbole de l’architecture brutaliste, et de la radicalité. Mises au point au XIXe siècle, les qualités plastiques du béton sont à l’origine de bouleversements architecturaux au cours du XXe siècle, bien qu’il fut longtemps considéré comme inhumain, jugé comme étant en contradiction avec la nature, il est aujourd’hui indissociable de l’architecture. Ce matériau regardé comme froid est aussi le symbole de l’architecture brutaliste et de la radicalité.
L’ambivalence créée par l’échelle des formes et le matériau utilisé dans cette installation, nous rappelle l’architecture, mais la relation au corps nous ramène à l’échelle de l’objet. Ces installations créent un dialogue
entre les proportions et les usages, peut-être sont-elles des microarchitectures, ou des maquettes d’architecture par leurs dimensions inhabituelles, des sculptures imposantes. Les formes géométriques simples deviennent des espaces complexes, résultats de la confrontation de notre corps face à leurs formes, et de leurs présences physiques. Leurs utilisations jouent avec l’espace afin de produire des possibilités d’usage multiples, de nouvelles pensées, du moins un sentiment.
Le résultat est un corpus cohérent, conçu pour être délibérément « ambiguë » qui cite les caractéristiques architecturales, pour créer des installations fonctionnelles. Plus qu’un espace de travail, ou de réflexion, leur utilisation et leur forme sont ouvertes à l’interprétation. Ce projet utilise l’échelle pour dessiner des liens inattendus ou chaque pièce exprime un sentiment.