Journée d’étude EKES « Vivacités écologiques » à l’École nationale supérieure de paysage de Versailles

Ce rendez-vous, réservé aux étudiant.e.s de l’Atelier de Recherche et Création EKES, sera suivi d’un autre rendez-vous public le 22 novembre, à Reims.

Pour sa quatrième saison, le programme de recherches EKES (EarthKeeping EarthShaking) choisit de poursuivre la thématique des « Vivacités écologiques » initiée en 2023. 

À l’occasion des deux journées d’étude programmées au printemps et à l’automne 2024, nous nous intéresserons plus précisément au concept de féralité. Équivalent du terme anglo saxon feral, il désigne un retour à l’état sauvage, une sorte de « dédomestication » des animaux ou des plantes cultivées.

Cette notion se transforme en concept novateur dans le champ des sciences humaines et sociales lorsqu’en 2021, Stanford University Press publie la plateforme numérique Feral Atlas : The More-Than-Human Anthropocene* sous la direction d’Anna Lowenhaupt Tsing, anthropologue de l’environnement, notamment. Dans ce contexte, feral énonce la capacité, l’agentivité de certaines entités à proliférer au coeur d’infrastructures qui leur sont hostiles, soit de par les relations économiques, sociales ou humaines, soit de par le type d’activités (industrielles, déforestation, etc.) qui s’y déploient.

Ce concept semble trouver aujourd’hui un écho sensible dans nombre de pratiques et réflexions qui considèrent les entités proliférantes de nos milieux de vies avec un art de l’attention soutenue (arts of noticing**). Souvent inscrites dans des milieux anthropisés, elles observent, remarquent, relèvent, et donnent à voir les indices d’une écologie de relations interspécifiques qui sont désormais les nôtres, humaines comme non-humaines. 

Les espèces végétales en témoignent abondamment. Leurs potentiels de régénérescence – leurs capacités à éclore et à subsister, comme celui d’assurer leur renouvellement malgré leur précarisation – énoncent pleinement leurs conditions férales, leurs vivacités écologiques. On s’intéressera ainsi aux formes d’expressions par l’art contemporain qui enquêtent sur ces terrains, traitent de ces entités férales en les considérant avec attention, en les remarquant. À celles et ceux qui en inventorient et en figurent les qualités comme les particularités.

* Tsing, Anna Lowenhaupt, et al., éditeurs. Feral Atlas. The More-than-Human Anthropocene. Stanford University Press, 2020. Open WorldCat, http://feralatlas.org.

** Tsing, Anna Lowenhaupt. Le Champignon de la fin du monde. Sur la possibilité de vivre dans les ruines du capitalisme, trad. Philippe 


À propos d’EKES 

EKES (EarthKeeping EarthShaking) est un programme de recherche corollaire au Master Art de l’École Supérieure d’Art et de Design (ÉSAD) de Reims inauguré en 2020-2021. Il est dirigé par Rozenn Canevet, professeure en théories et histoire de l’art. 

Les recherches au sein d’EKES s’établissent dans une approche interdisciplinaire entre théories et pratiques de l’art, sciences humaines et sociales (dont sciences politiques et environnementales), capable de nourrir et d’éclairer les enjeux sociétaux et environnementaux actuels, gravitant autour du champ de l’art contemporain. 

Le format hybride de ce programme, entre pratique et théorie, permet à une recherche académique et à une recherche-création la possibilité d’apports mutuels. Ainsi, dans une collaboration entre chercheur·euses des sciences humaines et sociales, artistes, curateur·rices, enseignant·es et étudiant·es des écoles d’art, le programme EKES vise à élaborer des temps de partage et de dialogue communs, pour explorer et participer à un champ de recherche structuré en trois volets : « Écoféminismes et art contemporain » (2021) ; « Sonder la terre » (2022) ; « Vivacités écologiques » (2023-2024).

Ces deux journées d’étude se dérouleront le 29 mars 2024 à l’École nationale supérieure de paysage de Versailles-Marseille (ENSPV-M) puis le 22 novembre 2024 à l’ÉSAD de Reims. 

Programme à télécharger

Intervenant.e.s : 
Rozenn Canevet, introduction
François Génot, « Parmi les vivants / Un art féral »
Meredith Root-Bernstein, « La féralité : vers une resocialisation inter-espèces ? » 
Elvia Teotski, « Échappées férales »