Datalogie, 5e Rencontres internationales d’Art et de Design

L’ÉSAD de Reims présente ses 5ᵉ Rencontres internationales d’Art et de Design avec le programme de recherche du département de Design Graphique et Numérique Formes, Technologies, Société, pour poser la question de notre rapport aux donnés (Data / Logos). Le programme de recherche Datavisualisation est aussi associé puisqu’il y présente ses premiers résultats avec le projet Log Visualisation (LoV).

Datalogie. Penser, représenter & interpréter les données : enjeux esthétiques, éthiques et socio-politiques

Qu’est-ce qu’une donnée ? Comment est-elle créée ? Par quels processus de « transformation » (Neurath & Kinross, 2013) devient-elle une information ? Quels principes de design y contribuent ? La représentation graphique des données avant leur analyse permet de révéler un potentiel ou une valeur cachée dans leur masse uniforme. Il faut pour cela grapher les données sans les altérer. C’est là qu’intervient le designer, cherchant à représenter les contenus de la façon la plus neutre possible tout en maintenant leur « intégrité » (Tufte, 2001). Aussi les données et leurs traitements se situent au cœur d’enjeux sociétaux que nous espérons révéler en organisant cette rencontre hybride entre chercheurs, designers, développeurs, data-journalistes et artistes. La « datalogie » se présente alors comme un nouveau territoire d’exploration, tant sur le plan social que technologique, et ouvre un espace de représentations mentales et visuelles qui reste à façonner. Il s’agit donc de mieux comprendre la nature de ces « faits donnés » (Littré) que notre société produit massivement à l’ère numérique, qui s’invitent dans un nombre croissant de processus de décision, et dont chacun peut sentir la présence ubiquitaire et les effets à l’échelle de sa propre vie.

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La technique au regard de la société
Depuis 2011, le département de Design graphique et numérique de l’ESAD de Reims et l’équipe de recherche « Ethique, Technologies, Organisations, Société » (ETOS) de Télécom Ecole de Management (Business School de l’Institut Mines-Télécom) développent le séminaire conjoint Formes, Technologies, Société. Design et quête de sens. Ce séminaire s’attache à mener des investigations relatives au fait technologique en partant de l’hypothèse que les techniques sont toujours liées à des contextes symboliques et discursifs spécifiques. Aucun développement technologique n’est indépendant d’un imaginaire social qui le porte. La technique est, tout autant que le langage, un élément instituant du monde humain. Le rapport d’une société à sa technique ne peut donc pas être envisagé sous l’angle de la neutralité.

La data visualisation
Par quels enjeux spécifiques, méthodes et outils la data visualisation est-elle portée ? Quelles nouvelles relations se tissent entre designers et producteurs de contenus ? Quelles évolutions de nos – bonnes – pratiques peut-on identifier ? En outre, si les datas sont le fruit de notre usage des technologies digitales, procèdent-elles d’un « modèle du langage » (1) qu’il nous appartient de comprendre et d’interpréter dans toutes ses dimensions culturelles ? Quel monde ces formes nous donnent-elles à voir ? La data visualisation, forme de publication de plus en plus répandue, s’avère donc un objet d’interrogation particulièrement pertinent dans la réflexion sur les mondes à venir.

Programme


Mot d’ouverture
Claire Peillod, directrice de l’ÉSAD de Reims et Denis Guibard, directeur de Télécom Ecole de Management.

Présentation du séminaire Formes, Technologies, Société. Design et quête de sens
Pierre-Antoine Chardel, philosophe et responsable de l’équipe ETOS à Télécom Ecole de Management ; Olaf Avenati, responsable du Master Design Graphique et Numérique de l’ÉSAD de Reims.


Big data (mégadonnées), une introduction
Jean-Paul Karsenty
Membre du Cetcopra (Centre d’études des techniques, des connaissances et des pratiques, Université Paris 1) et ingénieur de recherche au CNRS. Depuis plus de 20 ans et au sein de nombreuses instances publiques et parapubliques, il oriente ses réflexions sur la tension entre technosciences (inscrites dans le développement rapide de sciences et de techniques performatives) et « technomarché » (dont la dynamique de financiarisation globale menace la diversité tant de l’Innovation que la Recherche).


Isotype: the politics of information graphics
Robin Kinross
Typographe, auteur et éditeur chez Hyphen Press (Londres). Son intérêt pour « Isotype » a commencé dans les années 1970 lorsqu’il était étudiant à l’université de Reading. Cela l’a conduit à publier plusieurs ouvrages, dont The transformer, Modern typography et Unjustified texts.


Face B, projet de DNSEP en Design graphique et Numérique
Mathilde Fiant
Mathilde Fiant est graphiste indépendante à Paris, diplômée de l’ÉSAD de Reims. Face B met en relation la musique que nous écoutons avec des formes graphiques. Il tente de donner des réponses de designers aux utilisations de données et d’algorithmes, de plus en plus présentes dans notre quotidien. C’est un projet par lequel Mathilde Fiant a voulu créer un ressenti sensible, bien qu’il soit le résultat de données objectives. C’est aussi un terrain de recherches et d’expérimentations graphiques qui tentent de répondre aux nouveaux usages de la musique car les données sont issues d’analyses de morceaux musicaux.

face B - Mathilde Fiant DNSEP 2013-2014 DG&N

Datavisualisation pour le Big Data : représentation de traces d’exécution d’applications parallèles
François Trahay, Eve-Lise Kern et Kevin Zanin
Maître de Conférences à Télécom SudParis au sein du département informatique depuis 2011. François Trahay est spécialiste du Calcul Hautes Performances et ses recherches le conduisent à concevoir des outils permettant d’analyser les performances d’applications parallèles. Eve-Lise Kern et Kevin Zanin sont diplômé•es du DNSEP Design mention Design Graphique et Numérique (DG&N) à l’ÉSAD de Reims. Ils présentent le projet Log Visualisation (LoV), réalisé au sein du programme de recherche Datavisualisation dirigé par Olaf Avenati.


Comment les rédactions françaises se sont emparées du datajournalisme
Sabine Blanc
Journaliste, elle a travaillé durant 3 ans pour Owni.fr, média spécialisé sur la numérique et pionnier du datajournalisme en France. Elle travaille maintenant à La Gazette des communes, principal média professionnel à l’attention des collectivités territoriales, où elle continue de traiter les sujets numériques, sur la forme et le fond.

Récit de données ou données en récit ? Datas et narrativité
Vivien Lloveria
Maître de Conférences en sciences du langage, de l’information et de la communication à l’Université de Limoges et co-directeur de la Licence professionnelle Webdesign sensoriel et stratégie de création en ligne. Il mène ses recherches au CeReS en sémiotique et linguistique cognitives dans le domaine du webdesign, du design d’information et de la communication numérique.


Le Dadamètre, où comment mesurer notre distance par rapport à Dada
Christophe Bruno
Artiste, vit et travailler à Paris et à Sète, Enseignant à l’École Supérieure d’Art d’Avignon, membre du Preservation and Art Media Archaeology Lab (PAMAL). Sa pratique artistique propose une réflexion critique sur les phénomènes de réseau et de globalisation dans les champs du langage et de l’image.


Rencontres co-organisées par l’ÉSAD de Reims, l’équipe de recherche ETOS de Télécom Ecole de Management et le LASCO – Monde Contemporain de l’Institut Mines-Télécom, dans le cadre du programme de recherche Formes, Technologies, Société, avec le soutien de la Région Champagne-Ardenne et du ère-de-la-culture et de la Communication.


Sous la direction scientifique de : Olaf Avenati, designer graphique et numérique ; David Bihanic, professeur associé à l’Université de Valenciennes, expert pour le cycle RES – recherche en visualisation de données ; Pierre-Antoine Chardel, professeur de philosophie sociale et d’éthique, responsable de l’équipe « Ethique, Technologies, Organisations, Société » (ETOS) à Télécom Ecole de Management, co-fondateur de la chaire de recherche « Valeurs et politiques des informations personnelles » de l’Institut Mines-Télécom ; Alexis Chazard, professeur d’enseignement artistique en design numérique à l’ESAD Valence, chargé de cours à l’Université Paris 8 ; Émeline Eudes, docteur en esthétique, sciences et technologies des arts, responsable de la recherche à l’ESAD de Reims ; Flore Garcin-Marrou, docteure de l’Université Paris-Sorbonne ; Etienne Hervy, directeur du Centre international du graphisme de Chaumont. ; Olivier Segard, directeur du département « Management, Marketing et Stratégie » à Télécom Ecole de Management et membre de la chaire Big Data and Market Insights de Télécom ParisTech.



1. « Les “immatériaux” désignent non pas simplement ce qui est immatériel mais, de façon ouverte, […], un matériau où “le modèle du langage supplante celui de la matière” et dont le principe “n’est plus une substance stable mais un ensemble d’interactions” ». Jean-François Lyotard, Exposition Les immatériaux, Centre Pompidou, 1985.