« C’était en mai 2009. J’avais 11 ans. Dans notre village agricole au sud de la France, moi et mon ami avions le souvenir de ce champ au dos de la maison, entouré de Cannes de Provence formant une barrière naturelle, devenant une jungle à explorer.
Il était évident qu’à ce moment, on allait découvrir ce tout nouveau territoire en quête de nouvelles ressources. Nous étions deux à admirer ces longues tiges filiformes. Cabane, nous nous sommes dits ! À notre âge, c’était indéniable. Nous nous sommes mis à analyser les caractéristiques de cette matière, de cet outil pour entamer la construction expérimentale de ce que pouvait être une maison sauvage. Nous coupions, tressions, filions, creusions, plions, assemblions les possibles de la Canne.
En décembre 2023, j’avais 24 ans, c’est le jour de mon retour, enfin. Cela faisait des mois que je n’avais pas retrouvé ma maison, ma famille, mes amis, mes paysages. Tant de choses à revaloriser, ces casots devenus vestiges, ces cabanes de pêcheurs en roseaux et Cannes, juste archivée par Raymond Gual ou simplement détruites, et puis ces Cannes, endémiques et envahissantes, saturant les sols naturels catalans. Je me suis donc demandé, comment pourrais-je faire projet en revalorisant ce territoire dominé par une modernité infligée par le biais d’une étude empirique de la Canne de Provence et de ces petites constructions vernaculaires afin de sensibiliser les habitants locaux envers ce qui les a toujours entourés et qui ont constitué le paysage de la Catalogne française. »





