« Petit, j’avais du mal à me représenter les conséquences de nos activités humaines sur les écosystèmes et l’équilibre climatique de la Terre. »
« En grandissant, j’ai vu les hivers devenir plus doux, les étés plus extrêmes, et les événements climatiques exceptionnels se banaliser. Ce qui, enfant, n’était qu’un concept flou réservé aux adultes, est devenu une réalité bien tangible.
Dans Le Printemps silencieux, Rachel Carson alertait déjà sur les conséquences désastreuses de nos modes de vie. Elle y décrit un avenir où les chants des oiseaux disparaîtraient, remplacés par un silence inquiétant – symptôme d’un écosystème malade, asphyxié par l’activité humaine.Aujourd’hui, on parle d’anthropocène. Mon parcours m’a amené à travailler à la fois dans la restauration et dans l’agriculture, en parallèle de mes études. J’ai vu les conséquences directes du passage d’un tracteur de trois tonnes dans un champ, provoquant glissements de terrain et érosion. En cuisine, j’ai souvent porté plus de déchets que de nourriture. Inspiré par des figures comme Douglas McMaster – qui affirme que « produire des déchets en cuisine est un manque d’imagination » – ou par la philosophie anti-gaspillage de Sonia Ezgulian, j’ai voulu esquisser une cuisine du futur, non pas dystopique mais désirable et responsable.
J’explore dans ce projet une forme de design culinaire nourri par des technologies basses, éprouvées et accessibles. En imaginant des hacks culinaires, des circuits courts détournés, j’essaie de proposer une autre manière de concevoir la cuisine : plus écologique, plus astucieuse, mais sans renoncer à la créativité ni au plaisir. Ce projet marque le début d’une recherche vers une écologie alimentaire qui ne soit ni punitive, ni ascétique, mais fondée sur l’ingéniosité, la transparence et le bon sens. Je veux court-circuiter un monde peu écologique pour en dessiner un autre, où les printemps ne seront pas silencieux. »
