DNSEP Art 2022 : Olivia Talleux
Attirée par la peinture dès mon plus jeune âge, c’est à la découverte du court-métrage de Jean Eustache Les Photos d’Alix que mon travail prend un tout autre sens. La vidéo devient dès lors mon médium de prédilection, ma base de recherche, mon exutoire. Il m’aide à m’exprimer, mais aussi à exploiter différents domaines : son, peinture, écriture, performance.
Fascinée par le décalage entre ce que l’on peut entendre et ce que l’on peut voir, mes préoccupations se tournent vers cette volonté de détourner le langage. L’amener dans un ailleurs. Créer une expérience autour du langage.
Je pars essentiellement de conversations, de questions-réponses, d’expériences réalisées auprès de mon entourage afin d’y amener, par la suite, des incohérences, des incompréhensions, de la distance. Selon moi, c’est dans la confusion que l’on ressent une certaine proximité avec l’œuvre.
Comme le dit le philosophe Jean-Louis Chrétien : « La proximité qui effraie, c’est à dire met à distance, est la seule vraie proximité »*. C’est alors par le trouble qu’un dialogue va se créer entre les visiteurs et mes pièces. Le fait de s’y perdre permet, je l’espère, d’y trouver sa place. Si on comprend, on ne cherche pas, et si on ne cherche pas, on ne trouve pas.
*Extrait de Le Miroir sans reflet – Considérations autour de l’oeuvre de Bruce Nauman, par Bruno Eblé