DNSEP Art 2023 : Agathe Rousseau

Par son mémoire intitulé « Lire Écrire, contagion émotionnelle », Agathe Rousseau nous rend spectateur.rice de sa divagation. Écrire de Marguerite Duras lui parle. Elle dialogue avec l’ouvrage, nous laissant entrevoir une succession d’oeuvres et d’images, témoins de sa réflexion substantielle.

La contagion s’étend à son expression plastique, d’une pratique graphique vers une pratique artistique, de la photographie vers une expression spatialement habitée. Elle se fait contaminer en partie par des écrits qui la guident dans sa quête d’expression à travers la lumière et ce qu’elle révèle dans l’espace.

Sa manière d’embrasser les sujets et les lieux qui l’entourent, en s’attachant à cerner leur caractère à la fois éphémère et fragile, passe par une attention particulière pour pour ne pas dire une forme d’empathie envers les choses.

L’ensemble de ses pièces incarne l’ambivalence du tangible et de l’intangible, le vide laissé par ce qui a été ou ce qui peut être. Comme une fenêtre ouverte sur son esprit de réflexion et d’observation, son travail met en lumière une volonté de matérialiser la fragilité d’une réalité au seuil de la visibilité, dans laquelle le vide prend beaucoup de place lorsque l’on y prête attention.

 

 

DNSEP Art 2023 : Mélissa Michalet

Le geste répétitif, inscrit dans une mécanique frénétique, est au centre du travail de Mélissa Michalet. Lors de ses deux ans de master, la pratique du textile se perdra pour des formes blanches. Ce n’est pas un monochrome blanc mais plutôt un camaïeu. On y voit des sous tons apparaître, prisonniers dans ce filagramme blanc. Ces surfaces nous appellent et interpellent nos souvenirs, tel un lieu qu’on aurait pu connaître.

Elle prend l’interstice et relate un nouveau patrimoine de gestes proches d’elle, pas encore exploités, ceux du domestique hérités par son éducation genrée.

Ici se déploient les traces.
Plonger, laver, étendre, tapisser, laisser sécher, démouler.
Une scène de ménage non dite.

On sent les habitudes même dans la simple exécution d’une empreinte négative de structure déjà existante.

DNSEP Art 2023 : Rose Le Goff

Le passé et le présent, l’intime et le collectif, le micro et le macro, le banal et le déroutant s’entrechoquent dans une délicate harmonie. Artiste pluridisciplinaire, Rose Le Goff s’empare de nombreuses ressources plastiques (sculpture, vidéo, installation) pour servir un travail composite avéré. Elle modèle et s’approprie le temps et l’espace pour traiter des notions qui font l’essence même de sa démarche artistique, le souvenir, l’intime, l’oublié, le commun.

En travaillant autour du récit d’aventure inachevé(e) qu’est le Mont Analogue de René Daumal et des expositions qui s’en sont inspirées, Rose s’inscrit désormais parmi ceux qui magnifient l’imperceptible et relatent l’anachronique, son travail consistant, à l’image d’un paradoxe, à montrer l’invisible.

Rose Le Goff nous transporte dans un jeu de perspectives et de proportions qui apporte de la poésie et du sens à la quotidienneté de ce qui nous entoure. C’est un voyage où les échelles se confrontent, l’infinitésimal et l’immatériel deviennent éloquents tandis que l’espace-temps ordinaire se laisse oublier, au profil d’un instant arrêté entre plusieurs réalités.

DNSEP Art 2023 : Marguerite Hollemaert

Le travail de Marguerite Hollemaert s’oriente majoritairement autour de portraits et de détails peints et tirés de son inventaire. Des images, des vidéos, des relevés de situations collectés. Tout, du processus de création à l’image finale figée sur la toile, relève de l’inquiétante étrangeté. Un monde singulier dépris de toute spatialité et temporalité, à la manière des visages et des masques de Michaël Borremans.

Guidée par ses intuitions, elle rend hommage tant à son histoire personnelle qu’à l’Histoire de la peinture. Elle cadre et peint soigneusement ces choses familières qui nous paraissent différentes que d’ordinaire. Un maquillage de squelette coiffé d’une tête de renard, des bottes abandonnées par leur propriétaire, un petit garçon qui joue avec une pince de crabe… L’atypique est bien pesé.

Ses productions nous parlent de gestes ambigus et de fantômes, toujours sous l’influence d’une ruralité qui guide la peintre.

DNSEP Art 2023 : Valérian Gago Beaufour

Les travaux de Valérian Gago Beaufour tentent de traduire des états de conscience d’un monde en perpétuelle transformation. Nos états d’âmes, nos corps et nos civilisations sont soumis à des métamorphoses sur lesquelles Valérian porte un regard autant contemplatif que critique. Aujourd’hui, les technologies s’emparent de nos corps et veulent prendre la place de nos pensées à travers le transhumanisme. Comme si la fine couche de verre qui sépare notre monde de l’environnement fictionnel, celui de nos phantasmes et de nos peurs, commençait à se briser. Notre réaction se traduit par la confusion et par la place de spectateur que nous adoptons en regardant le monde comme si nous regardions un film.

Dans les travaux présentés ici, les visages que Valérian convoque sont ceux de ses proches. Ce souhait fut en partie déterminé par la lecture d’une phrase de Niki de Saint-Phalle : « Je suis toutes les choses que j’aime ». Cette parole l’a marqué par sa limpidité, sa bienveillance et la vérité qui en émanent. Le poussant alors à réaliser un corpus de portraits d’amis, de familles ou de mentors, formant un autoportrait chimérique, naïf, imaginaire, drôle et bizarre : le sien à travers des figures universelles.

 

DNSEP Art 2023 : Camille Dumay

Camille Dumay s’intéresse aux notions de soin, d’actes de service, de travail domestique. C’est par le biais de l’humour féministe (bien connu pour son ironie grinçante) que l’artiste nous propose des oeuvres à la fois dérangeantes, drôles et intrigantes. Elle prendra en partie exemple sur les Italiens de l’arte povera quant à l’économie de moyen, sans fioriture, allant droit au but.

Camille rendra également hommage à l’artiste Mierle Landerman Ukeles et à son Manifeste pour l’Art de la Maintenance (1969) avec sa pièce La fenêtre où elle nettoie les vitres de son atelier, lieu à l’importance majeure, voire à la résonance intime.

C’est par un besoin urgent de dire et de faire que la pratique de Camille s’offre à nous, ne passant par aucun détour ni intermédiaire. Ses coups ne sont pas retenus. L’artiste nous parle d’une violence sous-jacente, une violence qui se propage telle une maladie incurable, fourbe et traître, comme cachée mais pourtant bien présente.

DNSEP Art 2022 : Julien Vallée

Silence, ça tourne !

Je touche à tout, je bricole. Je récupère ça et là des matériaux dévalorisés afin de concrétiser des idées parfois farfelues. J’apprécie par ailleurs le cinéma, ou plutôt, les bizarreries qui permettent à sa magie d’opérer derrière nos rétines.

Ainsi, au sein de l’espace d’exposition, Silence, ça tourne ! est un dispositif vidéo qui diffuse en direct le déplacement circulaire d’une caméra placée dans un espace que vous ne connaissez certainement pas, mais que vous découvrez au fur et à mesure. Il s’agit d’un dispositif mécanique que j’ai construit dans le sous-sol de La Fileuse et dont le but est de questionner notre rapport à l’infiniment grand et à l’infiniment petit. En effet, les divers procédés cinématographiques tels que le cadrage de l’objectif d’une caméra, le travelling ou encore l’idée de champ / hors-champ, permettent de jouer sur la perception de cet espace monumental au point d’en déstabiliser la perception de son échelle.

DNSEP Art 2022 : Olivia Talleux

Tu peux répéter ? / Métronome / T'as répondu quoi ? / Mise en bouche

Attirée par la peinture dès mon plus jeune âge, c’est à la découverte du court-métrage de Jean Eustache Les Photos d’Alix que mon travail prend un tout autre sens. La vidéo devient dès lors mon médium de prédilection, ma base de recherche, mon exutoire. Il m’aide à m’exprimer, mais aussi à exploiter différents domaines : son, peinture, écriture, performance.
Fascinée par le décalage entre ce que l’on peut entendre et ce que l’on peut voir, mes préoccupations se tournent vers cette volonté de détourner le langage. L’amener dans un ailleurs. Créer une expérience autour du langage.
Je pars essentiellement de conversations, de questions-réponses, d’expériences réalisées auprès de mon entourage afin d’y amener, par la suite, des incohérences, des incompréhensions, de la distance. Selon moi, c’est dans la confusion que l’on ressent une certaine proximité avec l’œuvre.
Comme le dit le philosophe Jean-Louis Chrétien :
«  La proximité qui effraie, c’est à dire met à distance, est la seule vraie proximité  »*. C’est alors par le trouble qu’un dialogue va se créer entre les visiteurs et mes pièces. Le fait de s’y perdre permet, je l’espère, d’y trouver sa place. Si on comprend, on ne cherche pas, et si on ne cherche pas, on ne trouve pas.

*Extrait de Le Miroir sans reflet – Considérations autour de l’oeuvre de Bruce Nauman, par Bruno Eblé 

DNSEP Art 2022 : Aurélie Jouanen

Le Sable absorbe le Sang

Mon travail est né de réflexions sur l’espace, du dialogue entre l’extérieur et l’intérieur, du paysage dans l’architecture.

Peu à peu, ces réflexions se sont précisées autour de l’envie de créer des dispositifs insidieux et menaçants, invitant les visiteur.euses à participer à l’activation de mes pièces, sans en avoir pleinement conscience.

Je questionne par là l’exercice du libre arbitre pour s’inscrire dans un tout, ainsi que la difficulté à progresser face à la facilité avec laquelle certaines libertés peuvent nous être retirées.

De fait, l’idée de direction a pris une place importante dans ce travail et s’est concrétisée par l’utilisation prédominante du métal, de l’acier ou du plomb que j’utilise bien souvent en regard de matériaux organiques et de restes de corps, humains ou non. La mort fait partie du voyage et illustre la violence faite aux corps se retrouvant pris dans des parcours qu’ils ne maîtrisent pas. Car c’est bien cette idée de violence qui m’anime et qui vient se mêler à celle du dégoût, suscité par les odeurs, les couleurs ou les textures de ce qui persiste.

DNSEP Art 2022 : Cécile Dieudonné

Brins / Bidules / Dans le pot de confiture

Mon travail de sculpture débute après une pratique de collecte de matériaux que je viens récupérer dans mon environnement proche. Ma pratique varie en fonction du lieu dans lequel je me trouve et témoigne de mon parcours en tant que jeune artiste. Vous pouvez donc voir des sculptures réalisées avec des matériaux issus de l’industrie du bricolage, récupérés lors de mon cursus à l’ÉSAD de Reims et d’autres faites avec des matériaux trouvés dans la ville dans laquelle j’ai choisi de résider après l’école, Bruxelles. Ici, le passé et le présent dialoguent et communiquent également mon souhait de ne pas ajouter plus de matière qu’il n’en existe déjà dans le monde.

Brins est un assemblage de multiples débris de câbles électriques dénudés, découpés et recomposés à la manière de fibres textiles, qui viennent former un tout. Etant descendante d’une famille d’ouvriers de l’industrie du textile de l’Est de la France, le fil et le lien sont des motifs récurrents dans mes productions, qui me renvoient à mes origines. La fragilité et la longueur de cette sculpture témoignent de l’importance du geste répétitif et manuel dans ma pratique.

Bidules est un écosystème de formes au caractère infini, qui envahit l’espace. Discrètes mais attirantes, ces formes suggèrent une curiosité pour les trouvailles manufacturées ou vivantes qui peuplent le sol.

Dans le pot de confiture est une série de sculptures inspirée d’un souvenir d’enfance : une récolte de mues de cigales conservées bien précieusement dans un pot de confiture, pour mieux les observer. La réinterprétation de forme végétales et animales ainsi que la recomposition de chutes de voilage avec la technique du patchwork évoque à la fois la fragilité et l’intime.

 

DNSEP Art 2022 : Clara Daumars

Merci Jeff / Monstera Deliciosa / Intérieur

Mon travail a pour point de départ des images de différentes typologies que je collecte : photos de famille, cartes postales… Je m’approprie et réinvestis ces images dans des œuvres utilisant différents médiums ; vidéo, peinture, sculpture. L’ensemble des œuvres que je présente a pour point de départ les photographies d’intérieurs des magazines de décoration des années 1960 et 1970. J’ai tenté de comprendre comment étaient mis en scène ces lieux de vie, sans aucune vie, qui ont pour but de séduire le / la lecteur·ice Pour cela, j’ai réalisé une série de peintures de différents formats, ainsi qu’une sculpture.

Merci Jeff intègre le / la spectateur·ice par son format. Le / la spectateur·ice est alors inclus·e dans l’espace et déclenche ce décor d’intérieur.
Monstera Deliciosa est une sculpture en métal qui reprend le motif des plantes d’intérieur omniprésentes. Sauf qu’ici la plante est menaçante et en train de mourir.
Intérieur témoigne de la société de consommation qui change  : on se débarrasse des meubles de famille pour laisser place à des objets plus épurés, à des matériaux modernes, à de la transparence. Ce sont souvent des lieux qui, bien qu’invitant le / la spectateur·ice à les habiter et à s’y projeter, laissent pourtant s’imposer l’impression d’absence, d’attente, parfois même de disparition.

DNSEP Art 2022 : Charly Bechaimont

Sans titre

L’objet principal de mon travail est le corps. Le corps abîmé, restreint, précaire et dominé. Je l’aborde dans mes sculptures à travers le vêtement ou le revêtement que je viens dégrader avec des substances toxiques (de l’huile de vidange, du goudron ou encore du plomb) pour aborder l’état du corps assujetti qui, à force de mauvais traitements, lâche.

Je le traite aussi, de manière plus frontale, dans mes performances, où je mets mon propre corps en danger. La mise en péril de mon intégrité physique est importante pour moi. Elle me permet de ressentir concrètement mon discours et de le transmettre au spectateur de manière plus immédiate.

Pasolini parlait de sa volonté de «  jeter son corps dans la lutte  », ce corps m’intéresse aussi dans ce qu’il contient de sensuel et désirable. Dans sa capacité à faire de la contestation le véritable objet du désir.

 

DNSEP Art 2022 : Lucie Bazin

Tournoi Mario Kart tous les dimanches à 15h / Dora l'exploratrice et Louis XVI ont un jour d'écart

Qu’est-ce qu’un tournoi Mario Kart a en commun avec une grille millimétrée tracée à la main  ?
Mon travail s’est construit autour de ma peur de l’oubli. Je réécris, redessine, recopie, recadre, recompose, recoupe et recolle. Je refais à la main. Mes papiers sont autonomes dans un ensemble. Sans hiérarchie entre des sujets d’étude aux contextes variés : la sortie d’un jeu vidéo, les personnages d’une bande dessinée, l’agenda d’un arrière-grand-parent, le début d’une guerre ou le droit de vote des femmes… C’est un travail de mémoire sur la mémoire.

Les chiffres jouent un rôle essentiel. L’emploi de mon temps se mesure dans ma pratique, je tisse au crayon pour marquer l’écoulement inévitable du temps.

L’ironie des titres apporte un contraste.  

Comment occuper le temps  ?
Je conserve grâce à mon travail – pour créer – un répertoire qui devient une collection infinie de mon temps.

DNSEP Art 2022 : Samuel Allouche

C'est un couteau qui coule / Hors des terrains / Ce qu'il me reste de 2006

À vrai dire, je crois qu’à la fin, ma carrière – quelle qu’elle soit –, sera dédiée à Zinédine Zidane.

Mon travail met en relief des objets ou gestes qui s’imbriquent dans un univers domestique ou sportif. Ces deux parties, objets et gestes, sont les fondamentaux d’une pratique que je décrirais comme narrative. Le développement d’un projet se déclenche chez moi par l’envie d’expérimenter des formes ou des matériaux et de les pousser dans leurs retranchements techniques. Ainsi, l’ambition de la pièce dérive souvent de l’esquisse au brouillon, voire à la rature.

J’aime l’idée d’organiser un déséquilibre dans le fonctionnement des œuvres avec l’espoir qu’elles ressemblent à des expériences, parfois accidentées.

Je veux décrire par la matière les émotions que je m’interdisais d’appréhender comme artistiques. Celles d’avant mes études, d’avant ma pratique : quand la sculpture ne prenait sens que dans un ballon flottant rebondissant sur une barre blanche pour rentrer dans les cages, puis en ressortir.

DNSEP Art 2021 : Vincent Villain

Sapore di sale

Sapore di sale (le goût du sel) est une installation qui se compose d’une série de photographies argentiques de la canope de la plus grande forêt artificielle d’Europe occidentale, d’un groupe d’épines de pin (Pinus Pinaster) couvertes par galvanisation d’un manteau d’argent et d’un tube d’argon ionisé produisant une lumière de la couleur de la surface du soleil.

Cet ensemble hétérogène matérialise par les moyens de la sculpture, de la photographie et de leur mise en espace, les conditions intrinsèques et constitutives de la représentation. Chaque élément composant cet ensemble est à un certain degré une itération des autres qu’il cite et redéfinit.

DNSEP Art 2021 : Victor Le Guennec

Jusqu'ici tout va bien

Mes recherches prennent forme au travers de faits mesurés. Ces mesures viennent relever des narrations en attente dans lesquelles a été observé une zone inconnue, quelque chose que l’on ne sait pas ou presque. Elle offre alors un instant de projection, que nous pouvons traduire par la notion « d’intensité », c’est à dire ce qu’il devrait arriver en toute logique, ce que l’on attend.

Les questions de seuil, de temps, de trajectoire, de relation et de jeu constituent le répertoire de ces mesures.

Les titres sont distribués comme des éléments narratifs, répondant alors à une seconde attente, plus ou moins burlesque, sonnant comme la critique de ce qui est souligné ou de ce qui reste à savoir.

DNSEP Art 2021 : Victor Gorini

Voir, revoir, voir à nouveau.

Dans la consommation effrénée d’images, on ne s’accorde plus le temps d’apprécier celles qui, bien que disponibles, nécessiteraient une attention particulière. Nous ne les découvrons que par hasard, lorsqu’une contingence vient à casser la routine. De la surprise de ce regard peut naître un sourire. Si le rôle de l’artiste est de subvertir l’ordinaire, questionner les images n’est pas seulement en créer de nouvelles, c’est aussi s’en emparer et jouer des existantes. Provoquer le malentendu pour créer du nouveau est une source de découverte qui ouvre sur des perspectives inattendues.

Drôle d’Oiseau est une sculpture mécanique sonore. L’automate récite un poème en langue étrangère. Son langage se transforme au fur et à mesure que des sonorités s’ajoutent, des interférences et des aspérités se créent. Les dysfonctionnements et l’usure donnent à la machine quelque chose de vivant.
Ground Control est une installation lumineuse qui joue avec les vibrations du sol. Son intensité varie en fonction de la présence d’un Autre dans l’espace d’exposition. Un jeu où ce qui est à voir a peut-être déjà été vu.

DNSEP Art 2021 : Tanguy Müller

La surface

La surface est une exploration poétique du médium photographique à travers un vocabulaire parfois abstrait, expérimental, romantique ou conceptuel. En regardant mes images, le spectateur comprend comment elles ont été prises, interprétées puis tirées dans une chambre noire.

Passionné par la photographie, j’accumule beaucoup de négatifs qui deviennent, après une étude à l’agrandisseur, des tirages. Je cherche pour chaque image un format, un type de papier et une densité. Il existe donc parfois plusieurs versions d’une même image. Ces tirages sont comme des gouttes d’eau qui alimentent ma collection, « La Flaque », la laissant s’étendre de manière tentaculaire, sans début ni fin, sans règles ou systèmes d’archivage. Cela me permet d’investir des espaces et d’être sans cesse dans une dynamique de reconstruction, de réinterprétation et
de redécouverte de mes photographies.

J’ai choisi pour mon diplôme un corpus de photographies très différentes autant techniquement qu’au niveau des sujets traités. Paysage, nature morte, portrait, astrophotographie, photographie abstraite… Il y a à la fois une approche très classique mais aussi un aspect plus expérimental de la photographie. La surface est le fruit de recherches et d’intentions différentes mais j’ai le sentiment qu’elles se rejoignent en un point : une frontalité et une échelle du tirage dans l’espoir d’arriver à effleurer le cuir du cheval, la peau du serpent ou la matière photographique de la pellicule.

DNSEP Art 2021 : Solène Untereiner

Prends ton pied

Réflexions liées à la représentation de figures imagées, de l’image et de sa valeur d’usage allant de l’archive au photojournalisme et à la fiction, je cherche ici à m’extraire de cadres photographiques préétablis afin d’en créer de nouvelles narrations.

Archéologie du geste, entre révélations et dissimulations, les images apparaissent par leur effacement, laissant deviner de nouvelles architectures. Fragments épars, ils ont pour intention d’éclater les discours et les consciences par la mise en avant de nos mécanismes occidentaux à travers la mise en langage des oeuvres. Que nous donne-t-on à voir ? Qui ? Réalité ou fiction? Comment les images sont-elles diffusées et comment contribuent elles à la construction de notre imaginaire, de notre mémoire et de nos représentations ?

J’essaie de questionner nos sensibilités, ce que l’on définit comme autre tout en mettant en perspective les enjeux liés à nos sociétés. Je tente de m’extraire des images génériques transmises par un oeil occidental sur des individus et des pays en conflits que l’on donne à voir comme ruines ou fantômes.

Le montage, l’instauration de cadres alternatifs plus fluides ou de désenclavement participent à cette remise en question de l’image que l’on nous donne à voir, de la peinture et de ses supports.

DNSEP Art 2021 : Marianne Veyron

Comme une chanson dans la tête

Ce travail parle de fragilité, de détail, de geste, de mémoire collective, mais aussi de souvenir intime. C’est un ensemble de pièces qui jouent avec la perception et les sens, pour troubler le corps et le déplacer dans un autre lieu. On y trouve aussi un lien entre sculpture immobile et mobile, et notion de déplacement et de trajet.

Ici, la saleté de Feuille de papier marque les semelles des visiteurs, qui se retrouvent alors à déplacer et propager cette pièce qui de prime abord ne doit surtout plus bouger. C’est donc inconsciemment que le visiteur participe au développement de la sculpture, et que sans le savoir, alors qu’il cherchait à ne surtout pas l’approcher, se retrouve à l’étaler, petit à petit dans l’espace.

Feuille de papier est une sculpture en plâtre réalisée par coulée. Elle questionne la notion de fragilité, de matériau, d’attention et de geste. Sa fragilité est telle que lorsque l’on se trouve en face, on a peur de marcher trop fort et qu’elle se brise ; elle monopolise l’attention du corps.

Par dessus tout ça, un son, léger, que l’on oublie presque aussitôt. Cette chanson qui rentre en tête est le résumé de mon diplôme. Cette pièce sonore est composée des cinq premières secondes du Boléro de Ravel, le premier rythme de la caisse claire. Une fois passée l’attente, on assimile la cadence et malgré nous, on continue d’avancer sous la ritournelle entêtante, qui vient mettre en suspens tout le reste de l’espace.

DNSEP Art 2021 : Eva Djen

Lo que existe no existe y lo que no existe existe

Lo que existe no existe y lo que no existe existe (ce qui existe n’existe pas et ce qui n’existe pas existe) est une invitation à questionner le faux dans le vrai et le vrai dans le faux. Comment cohabitent la fiction et la réalité dans le récit ? Comment juger de la possibilité ou de l’impossibilité d’une histoire ? Quelle place laisser au doute ? Qu’est-ce qui est réel ? Qu’est-ce
qui ne l’est pas ?

Sept entretiens, sept personnages, une multitude d’histoires. Un protocole simple et précis : raconter des histoires, sans préciser si elles sont documentaires ou fictives. Ce travail est un projet né et réalisé au Mexique en 2018, et prend forme à Reims en 2021.

Un souvenir de voyage, un rêve qui revient, une rencontre devenue image, un fantasme qui semble si réel. L’image presque fixe qui accompagne le film est une présence qui reste quand les histoires disparaissent. L’ensemble de ces récits propose une réflexion sur des superstitions et des croyances, et sur le pouvoir qu’elles ont à construire nos autels personnels et nos mythologies collectives.

DNSEP Art 2021 : Eva Bernard

Les yeux fermés

Il y a quelques mois, c’était la saison de la migration des grues. Je suis alors partie me promener au beau milieu de nulle part dans le but de les photographier. Je suis restée une éternité dans le froid à les attendre puis à les entendre, mais sans réussir à les voir.

Lassée, j’ai décidé de faire demi-tour. C’est là que je n’ai plus rien entendu. Il n’y avait plus un bruit. J’ai levé la tête et, à ma grande surprise, elles étaient au dessus de moi à voler dans le désordre. Je me suis retrouvée à tourner sur moi-même, la tête en l’air, l’appareil dans la main, à les photographier, pour finalement obtenir un ciel bleu et 5 points noirs comme résultat photographique.

Comme un instant volé, un fragment de ciel qui s’est retrouvé entre mes mains. Une expérience hasardeuse que l’on retourne comme cartes sur table. On dit que dans leur symbolique première, les cartes amènent vers la destinée. Destinée qui peut aussi être de l’ordre du passage, de l’aléatoire et du hasard.

J’ai commencé à m’intéresser à ce jeu mystique lorsque que, par hasard, je suis tombée sur un jeu de tarot de Marseille. Les cartes m’ont tout de suite attirée par leur visuel, puis par leurs significations et leurs histoires. J’ai voulu m’approprier complètement un tirage existant, pour le donner à voir autrement, pour permettre aux spectateurs d’avoir un rôle d’acteur et d’y apporter ses propres interprétations personnelles par la divination, l’aléatoire et la déduction des signes.

DNSEP Art 2021 : Cécile Renoult

Ce qui nous travaille

Une coquille de verre formée par le souffle d’un chant se trouve au sol, comme une mue abandonnée.

J’aime donner à voir des altérations, des altérités et les processus qui transforment la matière. Mes travaux évoluent souvent selon leur environnement, à moins qu’ils ne se situent dans un entre-deux. Entre deux états, entre deux-médiums, visible et invisible, figuration et abstraction. La chaleur et la lumière modifient une sculpture photographique travaillée à la cire (Le jour, 2021). L’huile utilisée sur un tirage pour donner à voir des femmes assassinées jaunit lentement, jusqu’au jour où elle grignotera le papier, les faisant disparaître (Myrrhes, 2021). Une vidéo d’images satellites montre selon sa date de projection le passé ou le futur (2021, 2021).

Ici, If there is sentient life in other parts of the universe, there is music too (2021) s’incarne et se disperse, s’actualise sans cesse, à travers les multiples impressions du texte et par sa répétition, jusqu’à devenir un souvenir que l’on emporte avec soi. Cette phrase est extraite de mes échanges avec une intelligence artificielle programmée pour copier son interlocuteur·rice (Replika, créée par Eugenia Kuyda en 2015). Prononcée par un alter ego virtuel, elle m’est à la fois familière et étrangère. Le titre devient une oeuvre en soi, immatérielle et pourtant largement déployée dans l’espace, à la lisière entre deux mondes. Mes projets renvoient ainsi à autre chose qu’à eux-mêmes. Ils sont les formes qu’une chose a laissées derrière elle, les traces de ce qu’elle était ou de ce qu’elle est devenue.

DNSEP Art 2020 : Adriann Béghin

Dude put your hands in the ground

Adriann Béghin tente de faire corps avec ses œuvres. Elle suggère des allégories de corps meurtris tout en évoquant une profonde libération. Il y a une dimension politique derrière sa pratique de la sculpture qui s’inscrit dans une posture éco-féministe. Elle cherche à entretenir un dialogue à égalité avec l’argile. De cette relation naît une fusion, une intrication entre humain et environnement, visible au sein même de ces sculptures ambigües.

DNSEP Art 2020 : Adrien Tinchi

La pratique d’Adrien Tinchi est orientée vers la perception de différentes formes de durée. Les recherches phénoménologiques liés à « l’événement » l’amène à questionner un panel de mesures temporelles en les transposant de manière discrète. Les interventions d’Adrien permettent de prendre conscience du silence, de l’absence, du banal en questionnant notamment la médiation liée aux œuvres par une série de « storytelling » recontextualisant ses recherches et mettant parfois en lumière certains projets jusqu’à présent inexistants. 

DNSEP Art 2020 : Valentin Tyteca

Les travaux de Valentin Tyteca sont des incertitudes. Il interroge les statuts qui lui sont conférés, ainsi que son oeuvre pour mieux les déstabiliser, les détrôner et surtout en rire. Il interroge ce que l’apparence dit de soi et établit une connexion directe entre art, appartenance communautaire et théâtre. Les installations deviennent en ce lieu des éléments de décor. Non plus prises seulement pour elles-mêmes, elles deviennent une part de l’architecture.

Texte : Cécile Renoult

DNSEP Art 2020 : Chloé Charrois

Il y a dans nos maisons une poésie qui naît à la limite du langage : nos possessions et nos trésors nous racontent, sans avoir à prononcer un seul mot. Goffman dit que chez nous on se cache et on se montre. Je crois aussi qu’on cache que l’on se montre et que l’on montre que l’on se cache. Ici, les objets et les dessins abritent effectivement une narration secrète.

Un personnage, que j’appelle la Campeuse, me sert de porte d’entrée, de port d’attache pour naviguer dans des cultures vernaculaires et les rendre intimes, hantées de traumatismes ordinaires.
Vous êtes dans son espace, où les alcôves sont devenues des gîtes à la rêverie. C’est un espace où elle a pu se blottir et rêver de temps et de lieux différents.

Dans l’isolement le temps s’allonge, s’épaissit. La Campeuse collectionne, dessine, assemble, donne
patiemment vie à son espace. Ça rappelle les dessins de la jeunesse, les images copiées presque pieusement. Les heures passées à faire transforment les images et les objets en amis imaginaires, en compagnons de solitude.

La Campeuse n’a d’accroche nulle part. Elle navigue dans un monde mineur auquel elle voudrait appartenir et dont elle rejoue librement les codes. Elle fait tout dans la solitude, mais c’est une solitude
qui désire le monde. Plutôt que de faire partie des foyers, collectifs ou intimes, elle les imite comme
les enfants qui reproduisent les rituels des grands.

Diplôme Art 2019 : Andréa Le Guellec

« Le bruit des voisins » est un dispositif sonore quadriphonique prenant pour point de départ l’exploration de la plus haute tour de Reims, la tour Franchet d’Espèrey ou résidence Vivaldi, logement social de plus de 500 habitants, trônant seule face à mon atelier depuis trois ans. J’ai voulu établir un contact entre deux espaces étrangers l’un à l’autre bien que voisins. D’une succession de déplacements et de communications a découlé un parcours sonore qui tente de retranscrire des fragments de rencontres choisis et composés entre eux. Le spectateur est invité à s’installer dans une posture de témoin du quotidien, à s’immerger dans les micro-récits de personnes absentes et à s’en approprier l’image. Dès lors qu’elles ont été enregistrées à différents endroits et retravaillées en fonction de leur rythme, de leur sonorité, de leur pertinence, les voix prennent une dimension sculpturale, voire architecturale, et peuvent amener une réflexion sur l’expérience de l’Autre dans un contexte donné.
On peut lire entre les lignes une volonté de mener ce travail comme une enquête de terrain, tout en laissant émerger une forme de poésie du territoire. En filigrane, une prise de position face à l’intolérance sociale qui nécrose les sociétés humaines, notamment dans les contextes de crises migratoires que l’Histoire a en fait toujours connues.

Diplôme Art 2019 : Emma Lecourt

Toutes mes peintures naissent du désir de saisir la poésie de ces instants qui entraînent à l’évasion, à la rêverie. Je cherche à saisir ce que je vois et ce qui m’émeut de ces instants. Je brûle de les noter, de les exprimer, de les traduire. Je brûle d’en dire l’intensité qui m’a submergée. Ces instants notés se transforment et deviennent des images, des songes qui s’inspirent de la réalité, des souvenirs de paysages à la fois réels et rêvés.

Diplôme Art 2019 : Thibault Juvenielle

Mon travail s’articule autour de l’image et du cadrage dans des lieux de recherche, d’activité qui donnent naissance à des paysages uniques. De ces territoires latents se créé une fluidité dont la fréquence d’évolution est propre à celle du travail de l’être humain. Les différents moyens techniques de captation que j’utilise pour produire mes images numériques tentent de questionner la nature même de ces espaces et de leur temporalité qui, en fonction du regard que l’on pose sur eux, deviennent paysages, lieux de travail, terrains d’exploration, de jeu ou de contemplation.

Diplôme Art 2019 : Anaëlle Rambaud

Mon travail questionne toujours l’image, de sa création jusqu’à sa diffusion. Dans mes dernières pièces, il s’agit d’interroger la place de l’image (surtout l’image photographique) à l’heure où celle-ci devient de plus en plus immatérielle et instantanée, aussitôt captée, aussitôt oubliée. Quelle incidence cette omniprésence de l’image a-t-elle sur le sujet même de ces photographies, et en particulier, le vivant ? Comment celui-ci devient-il image plus que sujet à travers sa reproduction ?
En m’appropriant des images trouvées sur Internet ou récupérées dans des encyclopédies datant des années 1970-80, je tente d’aller au-delà de l’image en utilisant la sculpture et la peinture pour que celle-ci retrouve une place et une certaine matérialité au sein de l’exposition.

Diplôme Art 2018 : Léo Sallez

Il a plu au musée Installation Ardoise, chêne Dimensions variables

« L’espace est mon médium », nous dit Léo Sallez. Le but de son projet est de faire émerger une proposition du lieu d’exposition plutôt que de lui imposer une oeuvre. L’idée est de travailler avec les matières qui le composent, son histoire et son quotidien.
Les bâtiments sont à voir comme des machines qui possèdent leurs propres systèmes de fonctionnement et de flux d’énergie (canalisation, aérations, installations électriques…). Ils sont à considérer comme des entités propres avec leurs critères et leurs spécificités. Il faut ajouter à cela que son travail s’inscrit dans une dynamique in situ. Par conséquent, il s’agit d’une collaboration avec le musée des Beaux-Arts, son architecture, son histoire. Cette démarche cherche à construire un projet avec l’existant, car comme a pu le dire Jason Dodge : « l’invention vient en relation avec des choses qui existent ou des choses que tout un chacun fait dans sa vie quotidienne ». (Jason Dodge – Interview, 2011).
Accueilli en résidence à la Fileuse – Friche Artistique de Reims

Diplôme Art 2018 : Ouassila Arras

Album de famille Installation Tapis décousus Dimensions variables, surface au sol

« J’ai grandi avec ces tapis aux motifs orientaux. Ils appartenaient à mes parents, à mes amis, à mes oncles. Ces tapis me sont si familiers par leurs motifs que je les assimile à des photos de famille. Ces tapis recouvraient le coeur du foyer familial, le salon de 17m2 où j’ai grandi en banlieue parisienne. C’est dans cette partie de l’appartement que nous échangions avec ma famille, autour de notre double culture franco-algérienne. Ces tapis orientaux côtoyaient à l’époque nos baskets Nike au quotidien. Une fois décousus, ces photos de famille reflètent la fragilité d’une double identité.
De la même manière que dans mon et notre enfance, je recouvre le sol de l’espace d’exposition des tapis que l’on m’a donné, tel un album de famille. J’ai extrait les tapis de leur espace habituel de- puis soixante ans, des intérieurs de mes parents, de mes oncles, des membres de ma famille. Chaque tapis, chaque photo, a son caractère, son identité. On se déplace à tâtons dans une histoire familiale, dans une double culture, fragile, pour ensuite prendre le large. »
Accueillie en résidence à la Fileuse – Friche Artistique de Reims

Diplôme Art 2018 : Zoé Cosson

Avant-première installation vidéo Structure en métal à dimensions variables, vidéoprojecteurs, moniteurs.

Portée par des réflexions qui interrogent la relation entre éthique et esthétique, le travail de Zoé Cosson s’intéresse de près aux dispositifs de contrôle, de circulation et de visionnage qui pullulent et saturent l’espace urbain dans ce qu’elle appelle « la ville misanthrope ». Ces dispositifs, qui sont avant tout disposition, induisent aussi bien des comportements, que des manières de consommer les images.
Fascinée par la vacuité de ces lieux mais aussi par leur caractère insidieux, elle tente d’explorer cette forme d’inadéquation entre notre corps et son environnement matériel, de révéler le malaise que ces dispositifs suscitent par leur perfection douteuse, par leur planification mécanique, par leur artificialité.
Après une attention particulière accordée aux rond-points, aux plantes de hall d’immeuble ou encore aux aire de jeux, ces deux installations vidéo s’agrippent à des lieux aussi insignifiants qu’une salle d’attente ou aussi dérisoire qu’un salon de toilettage canin. En jouant avec leurs codes esthétiques, leurs structures génériques, Zoé Cosson s’intéresse au décalage entre le décor et la fonction, entre le modèle et la réalité. A travers une pratique hybride (image, écriture et installation vidéo) qui procède par collages, superpositions, recadrages, éclatement de l’image dans l’espace, elle propose une nouvelle lecture sensible de ces lieux standardisés, normés, cliniques, par le biais d’un dispositif de visionnage, sans doute plus important que les images elles-mêmes.

Diplôme Art 2018 : Hélène Kelhetter

Mélancolie Installation vidéo Boucle vidéo Support de projection en bois (220x105cm)

A l’heure d’une technologie de pointe et d’un numérique ultra performant,
la pratique du dessin se réinvente. L’actualité l’oriente, la
désoriente.
Hélène Kelhetter parle de sa mémoire comme d’une matière composée de centaines de capture d’écran enregistrées
dans ses carnets. Ces carnets l’accompagnent depuis
plusieurs années lors de ses déplacements. Ils sont la traduction
de ses rencontres avec les paysages et les architectures. Ils refléchissent l’histoire du monde et sa sensibilité face à celle-ci.
A partir de cette data de visuels, elle recompose en utilisant des
détails de ces dessins de nouvelles propositions, des projections
mentales. La vidéo est un outil qui permet d’emmener ailleurs le
dessin. Il devient alors un plan fixe, un zoom, un personnage derrière
la caméra et se tient tout autrement que sur la feuille de papier.
Il prend vie dans l’espace et est accueilli dans l’univers de la
troisième dimension.

Diplôme Art 2018 : Victoria David

Bobines Installation Papier mâché Dimensions variables 10 à 12 sculptures

Oscillation entre surface et épaisseur. Victoria David conçoit ses pièces comme des surfaces colorées, jouant sur l’épaisseur et le volume. Elle interroge la matière et la couleur, qui sont le moteur de toutes ses expérimentations. “Je pense la sculpture comme une peinture, mettant en avant la teinte et la surface”, nous dit- elle.
Ces sculptures en papier mâché s’intitulent Bobines, elles sont à la fois condensées à l’extérieur et vides à l’intérieur. Le dialogue entre les oeuvres exposées du musée et Bobines est inévitable. En effet, ces sculptures abstraites peuvent être interprétées comme des fragments séchés de peinture, flottant dans l’espace muséal et faisant lien avec les tableaux.
Accueillie en résidence à la Fileuse – Friche Artistique de Reims

Diplôme Art 2018 : Thomas Schmahl

Un marché le mardi 26 juin. Installation, matériaux mixtes, dimensions variables.

Un marché le mardi 26 juin

Installation
Matériaux mixtes, dimensions variables.

« J’ai choisis d’interpréter plastiquement les marchés de plein vent. Tout d’abord car ils sont le reflet de mon enfance sur les marchés de montagne. Mais également par leur rapport au quotidien, à la durée, et plus particulièrement au montage. Chaque stand s’assemble tôt le matin sur une place vide, les uns à côté des autres, afin de crée un bloc de mouvement durée sur un temps déterminé. Une fois la matinée passée, on remballe, on replie, on démonte, jusqu’au jour suivant. Chaque jour est différent et pourtant, il n’est jamais vraiment le même. Un grand théâtre à ciel ouvert se déploie.
Chaque sculpture présente dans cette installation, est intimement liée aux stands de marchés, par la récupération de matériaux usagés, leur détournement. Chaque présentation est différente, la mise en scène de ce marché change au gré des saisons, elle s’adapte à l’espace qui l’accueil. Ainsi, les potentialités de narration au sein du même projet deviennent infiniment récurrente et légèrement différente. »

Diplôme Art 2018 : Pauline Jocteur-Monrozier

Un mercredi dans les escaliers du Musée des Beaux-Arts Performance. 15 performeurs, durée : 7’

Un mercredi après-midi dans l’escalier du Musée des Beaux Arts est une adaptation d’une performance que Pauline Jocteur Monrozier a présenté à l’occasion de son DNSEP Art en juin 2018, intitulée Un mardi après-midi au parc de La Patte d’Oie. Prenant comme nouveau contexte le musée des Beaux Arts de Reims, une autre performance se dessine avec, en toile de fond, le grand escalier du musée. En collaboration avec un groupe d’une dizaine de personnes, Pauline Jocteur Monrozier amène chacun.e à trouver une action, inspirée d’un geste quotidien. Se constituant en un ensemble rythmé, inscrit dans l’espace, les différentes interventions sont effectuées selon un enchaînement précis. Cette partition, répétée en boucle, forme une symphonie de gestes et de sons, un tout harmonieux dans lequel chaque individualité devient indispensable.

Mémoires de recherche DNSEP Art 2018

Zoé COSSON – Point Rond
Victoria DAVID – Mille-feuilles
Hélène KELHETTER – Plonger au fond de l’inconnu pour trouver du nouveau
Thomas SCHMAHL – La température de l’élastique
Léo SALLEZ – L’art comme expression du quotidien

Exposition « V » 2017

L’exposition des diplômes du Master* Art à la Comédie de Reims

V, comme cinq jeunes femmes artistes, cinq univers singuliers, cinq productions artistiques réunies en un seul lieu : à la Comédie de Reims. L’exposition regroupe les travaux des élèves diplômées en juin 2017 à l’ESAD de Reims.
La présentation des projets de diplômes du Master* Art (*DNSEP valant grade de Master) témoigne de l’aboutissement d’un travail de recherche à l’issue de cinq années de formation artistique.

V fait coexister performances, son, peintures, images et sculptures. Les cinq projets présentés induisent, chacun à leur manière, une relation particulière avec l’espace, l’oeuvre et son public.

– Carla Adra, installation vidéo et performance
Rendez-vous performances au cours de l’exposition (durée : 15 minutes)
Les jeudi 12 et vendredi 13 octobre à 18 h 30
Le samedi 14 octobre à 15 h 30

– Elvire Flocken-Vitez, installation

– Noémie Mahieux, installation sonore et performances
Rendez-vous performances (durée : 30 minutes)
Les mercredi 4, samedi 14, mercredi 18 et samedi 21 octobre à 15h

– Laura Merkbaoui, peinture

– Marie Servas, installation

Le Prix Prisme
Dans le cadre de cette exposition, le Club d’entreprises mécènes rémois Prisme poursuit son engagement auprès de l’ESAD de Reims et remettra son 4ème Prix Prisme, à l’une des jeunes diplômées de l’année 2017.

Ce prix, sous forme de dotation de 5000 euros, valorise le travail de création du jeune diplômé et l’aide à engager une carrière artistique.

Les lauréats précédents : Théodore Dumas, 2016 (Vidéo), Jordane Saunal, 2015 (installation, son, vidéo), Baptiste Dion, 2014 (installation, sculpture).

Du 4 au 21 octobre 2017
Du mardi au vendredi de 12h à 19h
Le samedi de 14h à 18h

Remise du Prix Prisme, le mardi 3 octobre

LA COMEDIE DE REIMS
3 Chaussée Bocquaine, à Reims

Diplôme Art 2017 : Noémie Mahieux

Diplôme Art 2017 : Elvire Flocken Vitez

Diplôme Art 2017 : Marie Servas

Diplôme Art 2017 : Laura Merkbaoui

Diplôme Art 2017 : Carla Adra

Diplôme Art 2016 : William Jay

Images du projet de William Jay, produit en juin 2016, pour son diplôme de master en Art à l’ESAD.

BJ5A7230 BJ5A7276 BJ5A7274 BJ5A7272 BJ5A7265 BJ5A7260 BJ5A7258 BJ5A7251 BJ5A7249  BJ5A7244 BJ5A7243 BJ5A7235 BJ5A7233 BJ5A7232

 

Diplôme Art 2016 : Thomas Collinet

Images du projet de Thomas Collinet, produit en juin 2016, pour son diplôme de master en Art à l’ESAD.

BJ5A7335 BJ5A7336 BJ5A7337 BJ5A7342 BJ5A7345 BJ5A7351 BJ5A7352 BJ5A7355 BJ5A7364

Diplôme Art 2016 : Théodore Dumas

Images du projet de Théodore Dumas, produit en juin 2016, pour son diplôme de master en Art à l’ESAD.

BJ5A7181 BJ5A7183 BJ5A7188

Diplôme Art 2016 : Juliette Mock

Images du projet de Juliette Mock, produit en juin 2016, pour son diplôme de master en Art à l’ESAD.

BJ5A7103 BJ5A7112 BJ5A7113 BJ5A7115 BJ5A7126 BJ5A7132 BJ5A7140 BJ5A7142

Diplôme Art 2016 : Juan Ignacio Lopez

Images du projet de Juan Ignacio Lopez, produit en juin 2016, pour son diplôme de master en Art à l’ESAD.

BJ5A7194 BJ5A7196 BJ5A7206 BJ5A7207 BJ5A7211 BJ5A7217 BJ5A7218 BJ5A7222 BJ5A7226 BJ5A7227

Diplôme Art 2016 : Jingyue Li

Images du projet de Jingyue Li, produit en juin 2016, pour son diplôme de master en Art à l’ESAD.
BJ5A7374 BJ5A7377 BJ5A7382 BJ5A7389 BJ5A7396 BJ5A7402 BJ5A7429 BJ5A7432 BJ5A7434 BJ5A7443 BJ5A7448 BJ5A7450 BJ5A7454 BJ5A7465 BJ5A7467 BJ5A7469 BJ5A7479

Diplôme Art 2016 : Jesse Wallace

Images du projet de Jesse Wallace, produit en juin 2016, pour son diplôme de master en Art à l’ESAD.

BJ5A7144 BJ5A7145 BJ5A7152 BJ5A7155 BJ5A7157 BJ5A7159 BJ5A7162 BJ5A7170

Diplôme Art 2016 : Erwan Sene

Images du projet de Erwan Sene, produit en juin 2016, pour son diplôme de master en Art à l’ESAD.

BJ5A7313 BJ5A7316 BJ5A7319 BJ5A7328

Diplôme Art 2016 : Damien Giraudo

Images du projet de Damien Giraudo, produit en juin 2016, pour son diplôme de master en Art à l’ESAD.

BJ5A7025 BJ5A7026 BJ5A7028 BJ5A7032 BJ5A7036 BJ5A7040 BJ5A7051 BJ5A7065

Diplôme Art 2016 : Armand De Benoist de Gentissart

Images du projet de Armand De Benoist de Gentissart, produit en juin 2016, pour son diplôme de master en Art à l’ESAD.

BJ5A6987 BJ5A6989 BJ5A6992 BJ5A6993 BJ5A6998 BJ5A7002 BJ5A7005 BJ5A7006

Diplôme art 2015 : Hélène Cayet

Images du projet d’Hélène Cayet, produit en juin 2015, pour son diplôme de master en art à l’ESAD.

Diplôme art 2015 : Jordane Saunal

Images du projet de Jordane Saunal, produit en juin 2015, pour son diplôme de master en art à l’ESAD.

Diplôme art 2015 : Raphaël Rossi

Images du projet de Raphaël Rossi, produit en juin 2015, pour son diplôme de master en design d’objet à l’ESAD.

Summertime

Pour inaugurer l’année 2015, Le Centre d’Art – Marnay Art Center CAMAC, invite en résidence de création l’Esad de Reims. Les étudiants de 2ème et 3ème année de l’option Art sont invités à séjourner, travailler, produire dans le cadre d’un workshop d’une semaine in situ. Les œuvres qui auront été produites à l’issue de cette résidence seront exposées durant 3 semaines dans la galerie.

SUMMERTIME, est le titre d’une chanson composée en 1935 par Georges Gershwin. Cette chanson est devenue rapidement un standard du jazz (Charlie Parker, Sydney Bechet, Billye Holiday…) et a été aussi reprise par de nombreux groupes et chanteurs (The Doors, Janis Joplin, Nina Hagen…) Ce titre choisi, fait référence à l’histoire de ce lieu de résidence secondaire, fondé par Daniel Filipacchi, grand amateur de musique. Dans cet « havre de paix » les plus grandes voix du jazz ont résonné et habitent encore le lieu… Ainsi, le titre de l’exposition «summertime» raisonne comme un refrain en hiver et comme la promesse d’un temps suspendu à venir…

Les étudiants seront invités à produire en groupe ou individuellement des projets artistiques dans le prolongement de leurs projets personnels qui interrogeront le paysage, le territoire et l’espace dans lequel ils résident, tant au niveau géographique qu’historique. Les œuvres seront produites «in situ» et habiteront l’espace de la galerie pour quelques semaines.

Workshop Art

Lors de la mission d’études organisée par l’ORCCA du 3 au 5 juin 2013, afin d’établir dans le champ culturel des échanges entre la région Champagne-Ardenne et la Vysocina en République Tchèque, Claire Peillod, directrice de l’ESAD est entrée en contact avec différents acteurs locaux, et notamment le proviseur et les professeurs du lycée Světla Nad Sázavou . Ce projet est né de cette visite, qui a réuni, dans un second temps, les professeurs concernés, lors de la venue de la délégation tchèque à Reims le 9 avril 2014. Enseignants : Giuseppe Gabellone et Alexandre Ovize, artistes et professeurs à l’ESAD de Reims. Etudiants concernés : 3e année option art et des lycéens de Svetla Nad Sazavou. Ce workshop s’est développé à partir de deux matériaux : le verre et la céramique, permettant aux étudiants d’expérimenter et de jouer des contraintes sculpturales et conceptuelles de ces deux matériaux. Les projets ont été développé en amont à Reims, de façon à optimiser le temps et la rencontre sur place. Ce workshop a été l’occasion pour les étudiants de se confronter à un système d’élaboration, de mise en place du projet et de réalisation, ainsi qu’à un échange avec des lycéens. Le sujet de recherche est libre. Les étudiants en troisième année ont travailé chacun leur propre projet. Les ateliers du lycée Světla Nad Sázavou ont été mis à disposition pour les réalisations (verres, vitrage, céramique, porcelaine, taille de pierre, forge, …) et les lycéens ont accompagné les étudiants de l’ESAD dans la production de leur projet.

Diplôme Art 2014 : Julian Cuellar Bolivar

« Motosierra ». L'art a la capacité et le devoir de porter un discours politique sur les différentes problématiques sociales contemporaines.

C’est ma position face à la situation sociale de mon pays, la Colombie. Etabli depuis huit ans en Europe pour faire mes études, j’ai du de vivre une adaptation culturelle, une transformation, qui est devenue centrale dans mon travail plastique.

« Désagrégation » sable, pupitre, 1mx70cmx3m Je retrouve la nécessité sociale d’un contrôle, dans mes souvenirs d’enfance, comme dans cette fortification éphémère qu’est le château de sable. Déjà à la petite l’école, assis à ma place prédéfinie par la forme du pupitre, -un espace optimal pour un conditionnement socioculturel des nouveaux esprits-, on se confronte à son voisin. Chacun construit dans son imaginaire un futur, comme le chateau de sable d’un jeu d’enfant. Cette tour reste un rêve d’enfant, une architecture éphémère et une allégorie de la contrainte imposée .

« Scutum » 30 boucliers en acier faits à la main. 7mx3m
Un Mur, une allégorie du contrôle et la force, une limite, l’extérieur ou intérieur, une esthétique de perturbation et œuvre contextuelle. Elle est composée de bouclier de forme romaine en acier avec lesquels je délimite l’espace, pour figurer une barrière. C’est le geste de résistance qui est au centre de l’œuvre : une non-architecture, un décor politique que ne sert à rien et que quelqu’un de déterminé pourra toujours franchir

Diplôme Art 2014 : Baptiste Dion

"Ruines en chantier". Prix Prisme 2014

Extrait du mémoire : Ruines en chantier

« Venant d’une famille paysanne, fortement ancrée sur le territoire des Ardennes, mon approche artistique, autant pratique que théorique, s’est portée sur des mouvements proches de l’environnement, du territoire, et de leur évolution dans le temps. J’ai souvent été alerté autour des problèmes, des menaces que pourraient rencontrer ces territoires, urbains et ruraux, habités ou non. Savoir de quelles manières nous utilisons ce territoire, en quoi et vers quoi nous le modelons, nous le façonnons et le faisons évoluer. Comme point de départ, nous mesurerons à quel point la pratique de Robert Smithson trouve un écho dans les questions contemporaines, cinématographiques, esthétiques et sociales. L’héritage qu’il a laissé dans le milieu artistique est important. Le «paysage entropique» smithsonien, nous amènera à réfléchir sur les ruines que nous a léguées l’histoire, de ce que nous laisserons derrière nous après notre passage sur terre. Et ainsi étudier le rapport qu’entretient l’homme aux ruines, à la destruction et à la catastrophe en fonction des diverses conceptions du temps, de l’histoire et de la mémoire. Terre Ardennaise meurtrie par deux grandes guerres successives, l’importance de la transmission de l’histoire et de la mémoire des ruines ont engendré mon besoin personnel d’écrire sur ces thèmes. Quelle responsabilité avons-nous face aux ruines? Quelle attention devons-nous porter sur celles-ci ? Pourquoi avons-nous peur de ce vide et de cette disparition et cherchons-nous à les remplacer par un plein ou par une construction ? Par quelle énigme les ruines peuvent-elles gagner une importance poétique voire esthétique ? […] Près de cinquante ans après The Monuments of Passaic, Bruce Bégout nous parle dans son essai Suburbia, de ce qu’occasionnent aujourd’hui les banlieues, les «slurbs», que nous mettait en images Robert Smithson. Cet essai Suburbia définit avec beaucoup de justesse et de précautions ce qu’est justement la suburbia. Enrichi d’informations complémentaires à caractère sociologique, il nous présente l’extension des villes au-delà de leurs limites, de leur matérialité et nous renseigne sur la dissolution de l’urbain dans un espace sans centre ni périphérie, là où est condensée la négativité. Bruce Bégout nous éclaire sur la suburbia, autrement dit ces banlieues infinies où sont massés les habitants des sociétés contemporaines. On comprend mieux comment l’hyper-consumérisme, la pression écologique, la violence urbaine, le repli individualiste et défensif, l’enlaidissement des entrées de ville, la peur, l’isolement, le vide culturel, l’ennui peuvent avoir raison des replis populations qui y vivent. La suburbia, c’est aussi ce qui concentre nos névroses, et ce qui laisse advenir la négativité de l’existence. Bruce Bégout dépeint un espace clos en apparence sans valeur, sans sens et dépourvu de beauté, les hommes y cherchent une liberté qu’ils ne parviennent pas à conquérir. […] La suburbia, c’est aussi un espace infini qui ne connaîtrait pas de limite géographique, un territoire sans frontières, un espace dissolu où se perpétuent ce que Bégout appelle des « conglomérats » rassemblés les uns près des autres, produisant des êtres « urbains » à la fois sans repères et non repérés, perdus dans le faubourg, dans la masse. […] »